Morbidité et mortalité prématurées évitables élevées en France

En vingt ans, la mortalité prématurée a connu en France une diminution de l’ordre de 30%. La baisse régulière des décès dus aux maladies cardio-vasculaires depuis 1990 en moyenne de 2,5 % par an s’est encore accrue avec la mise en œuvre de l’interdiction de fumer dans les lieux publics permettant de lutter contre le tabagisme passif, preuve de l’efficacité des politiques de prévention par l’assainissement des milieux. Cependant, les maladies dues à l’alcool, au tabac, aux comportements à risques, à une mauvaise alimentation sont en augmentation. Par exemple, les taux d’incidence et de décès prématurés dus au cancer, lequel représente en France la première cause de décès chez l’homme et la deuxième chez la femme, sont chez l’homme les plus élevés d’Europe et chez la femme juste dans la moyenne. Qui plus est, ces maladies frappent d’avantage les catégories socioprofessionnelles des ouvriers et employés. Comme le relève la fédération nationale des observatoires régionaux de santé FNORS dans « Indicateurs transversaux de santé publique dans les régions de France » de juin 2007, le taux de mortalité prématurée y est trois fois plus élevée que celle des cadres et professions intellectuelles et deux fois plus que celle des cadres moyens et commerçants. Ces différences s’observent pour la plupart des pathologies et les écarts les plus nets concernent les pathologies associées à la consommation d’alcool, notamment les cancers. Par ailleurs, de fortes disparités spatiales de mortalité prématurées sont observées en particulier dans deux grandes zones géographiques, le Nord de la France et la Bretagne. Les disparités n’y sont pas limitées aux facteurs socioprofessionnels mais l’histoire, la culture, l’environnement, la tradition y ont également une part importante. En matière de médecine du travail, les grandes tendances constatées par la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (chiffres 2005 : les accidents du travail sont moins fréquents (39 accidents pour 1000 salariés au lieu de 46 pour 1000 dix ans plus tôt). Le nombre d’accidents mortels a significativement diminué passant de 626 en 2004 à 474 en 2005. Au total, depuis 20 ans, le nombre des accidents mortels a été divisé par trois, celui des accidents graves par deux. Cependant, l’intensification du travail et l’émergence de nouveaux risques est aujourd’hui une tendance lourde qui a fait l’objet de nombreuses enquêtes : françaises (« Conditions de travail », enquête annuelle DARES) et européennes (Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, Dublin). L’alourdissement de la charge mentale et, contrairement aux idées reçues, l’accroissement des efforts et expositions physiques, y compris dans le secteur tertiaire, ont pour conséquences la croissance exponentielle des troubles musculo squelettiques qui représentent plus de 70% des maladies professionnelles déclarées en France et des troubles « psychosociaux », du stress, de la violence, de la dépression voire même du suicide. Une partie de la mortalité prématurée est évitable par action soit sur les facteurs comportementaux individuels soit sur la prise en charge. Chez les hommes les trois quarts des décès évitables le sont par modification des comportements individuels alors que chez les femmes la moitié l’est par l’amélioration du dépistage.