Stratégies de gestion et expériences clés des intervenants

S’appuyant sur des entretiens avec des intervenants sierra-léonais et internationaux clés, ce document permet de faire la lumière sur les défis qui ont affecté la riposte de la Sierra Leone à l’épidémie d’Ebola.
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest de 2014-2016 était sans précédent tant par son ampleur que par sa durée. En mars 2016, lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la fin de l’urgence de santé publique de portée internationale déclarée en août 2014, quelque 28 616 cas confirmés, probables et suspects, avec 11 310 décès, avaient été signalés en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Leone – les trois pays les plus touchés.
L’ampleur et la durée exceptionnelles de l’urgence ont fait que la réponse a été affinée au fil du temps, ce qui représente une rare occasion d’étudier la gestion de la réponse à mesure qu’elle a mûri. Cet article se concentre sur la Sierra Leone, qui a connu le plus grand nombre de cas, avec 14124 infections, dont 3956 décès, signalées à l’OMS, et où l’architecture opérationnelle de la réponse à Ebola a subi trois itérations principales sur une période de 22 mois.
La réponse initiale à l’épidémie a été caractérisée par la confusion, le chaos et le déni. Alors qu’un pays peut être submergé par une grave épidémie, une situation dans laquelle l’OMS ne parvient pas à mobiliser l’assistance nécessaire pour aider un gouvernement national à maîtriser une épidémie est inhabituelle. Entre-temps, le reste de la communauté internationale a mis du temps à se rallier. La fenêtre d’opportunité pour contenir l’épidémie par des approches de contrôle conventionnelles s’est fermée, et l’épidémie est devenue une crise humanitaire.
Un certain nombre d’acteurs internationaux ont investi des ressources et des compétences dans la riposte, notamment par le biais d’une Mission des Nations Unies pour l’intervention d’urgence contre Ebola (UNMEER) spécialement créée. Le Royaume-Uni, par le biais d’une opération conjointe civilo-militaire, a joué un rôle de premier plan parmi les partenaires internationaux de la Sierra Leone, notamment en finançant et en soutenant massivement le Centre national de riposte à Ebola (NERC) et un réseau de Centres de riposte à Ebola (DERC).
Le document s’appuie sur une série d’entretiens avec des intervenants sierra-léonais et internationaux clés qui ont été intégrés dans les différentes structures de commandement et de contrôle pendant l’urgence. Ceux-ci mettent en lumière les défis qui, à des degrés divers et à différents moments, ont affecté la réponse. Parmi les problèmes mis en évidence figuraient les manœuvres politiques et la probité, l’agilité financière inadéquate, le manque de coordination, l’ambivalence des partenaires envers les structures de réponse et les tensions dans les relations clés.
La NERC, présidée par le président de la Sierra Leone et placée sous le contrôle opérationnel du ministre de la Défense, a été jugée un succès qualifié, compte tenu des agendas variés, des cultures opérationnelles et de la complexité des problèmes rencontrés. La décentralisation de la réponse semble être importante pour le niveau d’agilité et la personnalisation nécessaires. Comme dans la plupart des opérations humanitaires, les personnalités et les relations personnelles semblent être essentielles au fonctionnement de la réponse.
La mise en place d’une opération dirigée par des civils et appuyée par des militaires semble bien fonctionner. Cependant, ce qui a pris forme en Sierra Leone en réponse à l’épidémie d’Ebola reflète une convergence rare de facteurs qui ne se reproduiront probablement pas, et il faut veiller à ne pas généraliser l’applicabilité de l’approche adoptée dans ce cas aux futures crises sanitaires.